Ce papillon trouvé dans le métro au début du mois de juin 1941 révèle un certain mûrissement de la Résistance. Énumérant les diverses catégories sociales de la population, des ouvriers aux petits patrons et aux professions libérales en passant par les paysans, il décline le mal de vivre du moment en pointant du doigt le responsable de cette décrépitude : «  le traître Darlan  ». µTapée à la machine à écrire sur un papillon imprimé, cette dénonciation mêle deux stades, en principe distincts, du cheminement de l’écriture clandestine. Cette juxtaposition de techniques signe peut-être une initiative individuelle. Elle élargit, de fait, le champ de la réflexion  : c’est la société dans son ensemble, au-delà des clivages habituels, qui pâtit de la politique menée par Darlan. µOn pourrait bien avoir là un texte d’inspiration communiste sans qu’on puisse en être certain. En tout cas, l’analyse politique, même si le papillon n’autorise qu’un canevas sommaire, reprend ses droits. Significativement, c’est bien Darlan qui est mis sur la sellette. Peut-être est-il trop tôt encore pour s’en prendre à la personne de Philippe Pétain. L.D.