Soigneusement composée, avec polices de tailles distinctes et caractères gras, «  La prophétie de sainte Odile  » représente un cas particulier en ce sens qu’on sait qu’elle fut diffusée dans de nombreux points du territoire. Ce n’était pas un document inédit. Pour la première fois révélé au public en mai-juin 1916 et publié dans la presse quotidienne, ce texte en français donné comme la traduction d’un vieux texte latin annonçait en substance que la puissance militaire de l’Allemagne allait être brisée. L’auteur y faisait prédire par la patronne de l’Alsace qui vivait au viie siècle la prochaine défaite de Guillaume II.La prophétie réalisée, l’oracle jouit d’une faveur certaine et fut repris à partir de 1940. Il connut alors un réel succès.
Cet exemplaire semble provenir de Marseille et diffère d’autres textes publiés sous le même titre. Voilà qui atteste à la fois le fait que le désarroi consécutif à la défaite ne s’effaça pas du jour au lendemain (sinon, comment expliquer la durée de vie d’un texte d’une origine incertaine et d’un intérêt somme toute limité au regard de la situation en 1940 et 1941  ?), mais également qu’à l’été 1941, l’étoile du maréchal Pétain pâlissait déjà et, plus encore, que celle du régime qu’il incarnait souffrait dans l’opinion d’un incontestable décrochage. L.D.